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mercredi 7 septembre 2016

Chez les Lacasse-Morenoff

Extrait de Vivre ma vie... et Danser


Les chemins du désir amènent Sonia au studio Lacasse-Morenoff, une école de danse renommée. «Il n’est pas d’école plus sérieuse que celle de Lacasse-Morenoff. Elle n’a qu’une formule, la bonne, c’est le travail.» C’est chez les Morenoff que, pas à pas, Sonia concrétise ses rêves. Sonia lit un reportage sur l’école dans le journal La Patrie qui l’emballe et lui fait sauter le pas. À douze ans et demi, elle fait ses premières classes à la rentrée de 1952.
Sa toute première leçon lui est donnée par Jean Comtois. Ses professeurs seront Marcelle ainsi que Carmen Morenoff, l’épouse de Maurice Morenoff. Elle en suivra pendant les quatre années suivantes. Chez les Morenoff, c’est bien sûr apprendre à danser, mais c’est aussi bien plus; Sonia trouve en Maurice Morenoff un professeur exigeant, dur même. Il est le premier à lui raconter l’histoire de la danse, révélant ainsi des horizons inconnus et lointains, des buts à atteindre. L’autre moitié des Morenoff, c’est Carmen qui devient au fil du temps une seconde mère pour Sonia… elle devient très vite «Mamie Carmen» et le restera jusqu’à son décès.
La relation de Sonia avec Mamie Carmen lui révèle tout un monde à découvrir qu’elle ne fait encore qu’entrevoir dans le Montréal cosmopolite des années 1950. Un jour, Carmen la sort pour une visite au Musée des beaux-arts de Montréal ou chez Birks, le grand joaillier, pour apprendre à apprécier le beau. Une autre fois, ce sera d’acheter le café chez Van Houtte ou un pain et des croissants à la Maison Cousin. Les courses parfois les amènent au port de Montréal, y faire le plein d’olives Kalamata. Chez Pantaloni, elle adore bavarder avec le boucher. Elle est si fière lorsqu’il fait remarquer à Carmen, comme à bien d’autres personnes d’ailleurs, que Sonia pourrait ressembler à la fille qu’elle n’a pas eue. Carmen Morenoff est restée très française dans ses goûts; elle a le désir et la patience de transmettre à Sonia un peu de son Europe.
Carmen Morenoff, en plus d’enseigner la danse, est la costumière attitrée de l’école Lacasse-Morenoff. Sonia la rejoint et passe des soirées entières avec elle dans son atelier de couture, situé au sous-sol, à discuter, à s’émerveiller, à rêver. «Avec elle, je me vois déjà grande danseuse.» Le cinéma Mercier est à côté du studio. Quelle tentation! Sonia ose un jour sécher ses cours de danse pour aller au cinéma. L’apprenant par une élève, Mamie vient la chercher et la tire par l’oreille. Parmi les leçons de vie les plus importantes que Sonia reçoit de Mamie, c’est surtout celle du sens du travail : «Pas de réussite sans travail acharné, pas de réussite sans assiduité. Rêver est une bonne chose, mais le rêve ne se réalisera que par le travail. Enfin, elle a su me faire comprendre que, pour réussir, il faut travailler très fort et ne pas faire que rêver. J’ai compris que je ne devais plus manquer mes cours de danse pour quelque raison que ce soit, ce que j’ai toujours respecté par la suite.»

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